Une récente enquête menée par plusieurs médias et ONG révèle un vaste scandale de corruption autour du projet de cartes d’identité nationales en République démocratique du Congo. Les fonds alloués, estimés à plus d’un milliard de dollars sur 20 ans, auraient été massivement détournés au profit d’un petit groupe d’élites proches de l’ancien président Joseph Kabila.
Le contrat signé en 2020 entre l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) et les sociétés Idemia et Afritech lie la RDC jusqu’en 2040. Mais selon les experts de l’ONIP, le coût réel des opérations d’identification de la population et de délivrance des cartes d’identité ne représenterait qu’un tiers de cette somme astronomique. Le reste semble avoir été détourné.
Des documents confidentiels révèlent qu’à partir de 2020, près de 60 entreprises ont bénéficié de ce pactole, toutes liées à l’entourage de Joseph Kabila. Le complexe Hypnose de 25 millions de dollars à Lubumbashi, inauguré en 2018, en est devenu le symbole. Cet argent destiné à l’identification nationale a servi les intérêts particuliers au lieu de l’intérêt général.
La gestion du projet par l’ONIP est également pointée du doigt. Son directeur général par intérim, Stanislas Kenza, est accusé de prendre des décisions de manière unilatérale, sans concertation avec le personnel. Sa gestion est qualifiée de « calamiteuse » et « opaque » par la directrice générale adjointe dans une lettre interne.
Ce scandale illustre une nouvelle fois les ravages de la corruption endémique en RDC. Les fonds publics sont détournés au profit de quelques-uns au détriment de la population. Malgré les promesses de transparence et de bonne gouvernance, le système semble toujours aux mains d’une élite prédatrice. Le projet de cartes d’identité, censé moderniser l’identification des citoyens, a finalement servi les intérêts particuliers.