Le Rwanda réclame au Royaume-Uni une compensation financière de 50 millions de livres sterling (63,62 millions de dollars) après l’annulation de l’accord sur l’asile, a révélé une source proche du gouvernement rwandais ce mardi. Cette demande survient alors que Londres a suspendu une partie de son aide bilatérale à Kigali en raison du rôle présumé du Rwanda dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC).
L’accord controversé, mis en place par le précédent gouvernement conservateur britannique, prévoyait l’envoi de migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda en échange de financements conséquents. Cependant, dès son arrivée au pouvoir en juillet dernier, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annulé ce programme, le qualifiant d’inefficace et d’onéreux. La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, avait alors dénoncé un gaspillage de l’argent public, révélant que le projet avait déjà coûté 700 millions de livres sterling (890 millions de dollars) aux contribuables britanniques.
Face à cette décision, Kigali estime que le Royaume-Uni doit respecter ses engagements financiers. Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a exprimé l’indignation de son pays face à ce qu’elle considère comme un traitement injuste de la part de Londres. Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), elle a dénoncé une rupture de confiance, accusant le gouvernement britannique d’avoir imposé des mesures punitives injustifiées contre le Rwanda.
La semaine dernière, le Royaume-Uni a en effet annoncé la suspension d’une partie de son aide bilatérale au Rwanda et l’imposition de sanctions diplomatiques en raison des accusations selon lesquelles Kigali soutiendrait les rebelles du M23 en RDC. Ce groupe armé, qui a pris le contrôle de plusieurs localités stratégiques à l’est de la RDC depuis janvier, est accusé par Kinshasa et plusieurs observateurs internationaux de bénéficier du soutien militaire du Rwanda, une allégation que Kigali dément fermement.
Selon le National Audit Office (NAO), organisme chargé de surveiller les finances publiques britanniques, l’accord initialement signé prévoyait des versements de 50 millions de livres en avril 2024 et en avril 2025. Une clause de résiliation permettait cependant à chaque partie de mettre fin à l’accord avec un préavis de trois mois, ce qui dispense désormais le Royaume-Uni d’effectuer ces paiements, sauf pour couvrir les frais liés aux migrants déjà envoyés au Rwanda.
Au final, seuls quatre migrants ont été relocalisés au Rwanda dans le cadre de ce programme, ce qui renforce les critiques quant à son efficacité. La demande de compensation formulée par Kigali risque donc d’ajouter une nouvelle tension dans les relations diplomatiques entre les deux pays, déjà fragilisées par les récents développements géopolitiques en Afrique centrale.