Le samedi 5 février, François Beya, l’influent conseiller de Félix Tshisekedi en matière de sécurité, est arrêté à Kinshasa. Cette interpellation a suscité plusieurs rumeurs, notamment celle d’une tentative de coup d’État. Le chef de l’État a dû écourter son séjour à Addis-Abeba, où il participait au sommet de l’Union africaine. Pour la présidence de la République, il s’agit d’une affaire de sureté d’Etat.
La présidence de la République démocratique du Congo (RDC) a affirmé mardi 8 février 2022, après l’arrestation samedi du conseiller à la sécurité François Beya, que les enquêteurs avaient des indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale.
Pour l’instant, les faits précis reprochés à François Beya restent inconnus. Dans son communiqué, la présidence évoque uniquement « indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale ». Les faits et gestes de François Beya étaient particulièrement scrutés depuis quelques mois, renseigne une source sécuritaire. Ses voyages, communications et réunions considérées comme clandestines étaient également surveillés, des soupçons de déstabilisation des institutions existaient, mais il fallait du concret, ajoute une autre source.
Certains analystes évoquent une guerre de palais opposant les proches collaborateurs de Félix Tshisekedi. Mais des sources sécuritaires ajoutent que des investigations ayant abouti à son arrestation ont été menées à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Longtemps patron de la Direction générale de migration (DGM) sous le régime de Joseph Kabila, François Beya est suspecté d’être resté loyal à ce dernier. Il s’était fait une place au cœur de la présidence congolaise. De la nomination des juges de la Cour Constitutionnelle à la restructuration de l’armée, des rapports suggèrent que François Beya a été au centre du dispositif du président Tshisekedi.
En novembre 2021, il a été demandé à Beya de tirer au clair une affaire d’un carré minier qui opposait différentes personnalités de l’entourage du président Tshisekedi. Parmi eux, Corneille Nangaa et le conseiller privé du chef de l’État, Fortunat Biselele dont les rapports avec François Beya sont conflictuels. Sa gestion de ce dossier, très critiquée, a marqué le début de sa disgrâce.
Dans cette affaire, beaucoup y voient aussi une fine stratégie de Felix Tshisekedi de se débarrasser des personnes qui semblent l’avoir aidé́ à asseoir son pouvoir. À Kinshasa, François Beya est perçu comme l’un des principaux artisans du rapprochement entre le nouveau régime et le précédent. Le cas de Jean-Marc Kabund-A- Kabund, premier vice-président de l’Assemblée nationale désormais sommé de démissionner, en est une autre illustration.