Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a lancé un appel pressant à l’imposition d’un embargo contre le Rwanda, accusant ce pays voisin de continuer à profiter du commerce illégal de minerais provenant de zones sous son contrôle. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux nations, exacerbées par les récentes manœuvres du Mouvement du 23 Mars (M23), groupe armé actif dans l’est de la RDC et soutenu par le Rwanda.
La Ministre des Mines de la RDC, Madame N’Samba Kalambay, a publié un communiqué officiel le 08 mai 2024, détaillant les activités illégales qui persistent dans les périmètres miniers autrefois couverts par le Permis d’Exploitation 4731. Malgré le retrait de ce permis par un arrêté ministériel en juin 2023, des populations locales et autochtones de Rubaya et des environs continuent d’extraire des minerais dans ces zones, alimentant ainsi un commerce illicite qui bénéficie au Rwanda et au M23.
Le communiqué souligne que les minerais extraits de manière illicite sont acheminés vers le Rwanda ou l’Ouganda pour être traités et exportés, contournant ainsi les mécanismes de traçabilité et de commerce légal. De plus, le M23, avec le soutien tacite du Rwanda, a intensifié ses activités dans la région, imposant des taxes sur les minerais extraits et détournant les flux vers des destinations hors du contrôle de la RDC.
La RDC accuse également le Rwanda de détourner l’attention en différant l’exportation des minerais, afin de dissimuler l’ampleur de son implication dans ce commerce illicite. Cependant, le gouvernement congolais affirme que les minerais de la filière des 3T exportés par le Rwanda proviennent de sources frauduleuses, de contrebande et d’exploitation illicite dans les régions de l’est de la RDC, soumises à des attaques constantes de la part du M23 et des forces armées rwandaises.
Face à cette situation, la Ministre des Mines de la RDC a appelé les Nations Unies et la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ce commerce de minerais de sang. L’appel inclut l’imposition d’un embargo contre le Rwanda, visant à couper les sources de financement des groupes armés opérant dans la région, à restaurer la confiance dans le commerce légal des minerais et à protéger les intérêts économiques et sécuritaires de la RDC.
Cette déclaration marque une escalade dans les tensions entre la RDC et le Rwanda, mettant en lumière les enjeux économiques et sécuritaires liés à l’exploitation des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs africains. Alors que les appels à l’action internationale se multiplient, la situation demeure tendue et suscite des inquiétudes quant à l’avenir de la stabilité régionale.